En 2010, le PIB combiné des BRICS ne représentait que 18 % de l’économie mondiale. Selon les projections du FMI, cet ensemble devrait dépasser les 35 % d’ici 2038, éclipsant la zone euro et frôlant le poids des États-Unis. Pourtant, les déséquilibres internes et la fragmentation politique persistent.
Entre 2025 et 2050, le Vietnam, le Bangladesh et l’Éthiopie pourraient enregistrer les taux de croissance les plus soutenus, surpassant durablement certaines économies européennes. Les classements traditionnels peinent à refléter ces mutations, alors que l’influence réelle de ces nations sur la gouvernance mondiale reste encore largement sous-évaluée.
Quels bouleversements attendre dans la hiérarchie mondiale d’ici 2050 ?
Le paysage économique mondial s’apprête à vivre une redistribution massive des cartes. L’Inde, avec plus d’1,6 milliard d’habitants, s’impose en force montante. Selon PwC, son PIB pourrait franchir la barre des 44 000 milliards de dollars en 2050, dépassant ainsi celui des États-Unis, pendant que la Chine consoliderait son statut de leader mondial. Mais l’ascension ne s’arrête pas à l’Asie. L’Indonésie, le Nigeria et le Mexique avancent à grands pas, portés par une démographie forte et une urbanisation qui s’accélère.
En parallèle, l’Europe voit son poids relatif s’amenuiser. Même en unissant leurs forces, la France, l’Allemagne et l’Italie ne parviennent plus à rivaliser avec les locomotives émergentes. Les places de choix dans le classement mondial du PIB s’éloignent pour le Royaume-Uni et la France, qui pourraient céder leur rang à ces nouveaux géants économiques.
Quelques tendances majeures se dégagent dans cette recomposition :
- G7 : la domination d’hier est mise à mal par l’E7 (Chine, Inde, Brésil, Russie, Indonésie, Mexique, Turquie)
- Croissance par pays : l’Asie du Sud-Est, l’Afrique subsaharienne et l’Amérique latine avancent en tête
- Soft power et hard power : l’influence ne se limite plus à la force militaire ou à la taille de l’économie
La démographie, l’innovation et la transition énergétique s’imposent comme des leviers majeurs. Désormais, la capacité à attirer les talents, sécuriser l’accès aux ressources et s’adapter aux nouveaux enjeux environnementaux pèse lourd dans la balance. Les anciens équilibres se fissurent, et une nouvelle carte de l’économie mondiale se dessine, avec des pôles dynamiques qui bousculent l’ordre établi.
BRICS, Asie du Sud-Est et Afrique : les nouveaux moteurs de la croissance mondiale
Le centre de gravité économique glisse inexorablement vers le Sud et l’Est. Les BRICS, Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, s’imposent à présent comme des acteurs incontournables, bien loin du statut de simples outsiders. Leur force repose sur l’alliance de ressources naturelles, la croissance de marchés intérieurs et un rôle clé dans les chaînes de valeur mondiales. À l’horizon 2050, Goldman Sachs envisage près de la moitié du PIB mondial porté par ces économies, reléguant le G7 loin derrière.
L’Asie du Sud-Est s’affirme, elle aussi, comme un nouveau centre de gravité. L’Indonésie, déjà installée parmi les BRICS, affiche une croissance vigoureuse. Et elle n’est pas seule : Vietnam, Thaïlande, Philippines, tous connaissent des perspectives de développement supérieures à la moyenne mondiale. Urbanisation rapide, croissance démographique, montée en puissance industrielle et politiques d’ouverture commerciale créent un cocktail gagnant.
Sur le continent africain, le Nigeria et l’Égypte s’affirment comme de véritables laboratoires économiques. Avec une population qui pourrait franchir les deux milliards d’habitants d’ici 2050, le potentiel est immense. Soutenue par la nouvelle banque de développement des BRICS, l’Afrique investit massivement dans les infrastructures, l’énergie et l’innovation, cherchant à transformer sa démographie en moteur de croissance.
Voici comment se structurent ces nouvelles dynamiques régionales :
- BRICS : l’alliance du poids démographique et des ressources naturelles
- Asie du Sud-Est : industrialisation rapide et intégration régionale
- Afrique : essor démographique et espoir de rattrapage
Ces régions ne se contentent plus d’observer : elles agissent, innovent et attirent l’attention des investisseurs. Elles deviennent les nouveaux laboratoires de la croissance et de la transformation économique.
Défis, atouts et limites : ce qui déterminera le succès des nations émergentes à l’horizon 2025, 2038 et 2050
L’avenir de ces nations prometteuses se jouera sur leur capacité à conjuguer stabilité politique, valorisation des ressources et développement technologique. Prenons l’Inde : forte d’un marché intérieur gigantesque, elle multiplie les efforts pour sécuriser les investissements et renforcer l’État de droit. De leur côté, la Russie et le Brésil misent sur leur potentiel minier et agricole, mais restent fragilisés par l’instabilité et les incertitudes institutionnelles.
En Afrique, la croissance démographique est une force… à condition de la transformer en atout économique. Le Nigeria et l’Égypte investissent dans l’éducation et les infrastructures, mais les disparités d’accès aux services freinent encore l’élan. Dans ce contexte, le soft power prend une dimension nouvelle : la Corée du Sud et le Vietnam, par exemple, rayonnent à l’échelle mondiale grâce à l’innovation et à la diffusion de leur culture, bien au-delà de leur taille au classement économique.
Mais les obstacles sont bien réels. Sans gouvernance solide, la croissance patine. Les écarts de richesse persistent et interrogent la durabilité du développement. La démographie seule ne suffit plus : la montée en gamme industrielle, la transition vers des économies fondées sur l’innovation et la maîtrise des inégalités deviennent des passages obligés pour espérer jouer dans la cour des grands.
Les points de passage incontournables pour ces nations en pleine mutation :
- Stabilité politique : fondement de toute trajectoire ascendante
- Diversification économique : pour sortir du piège de la dépendance aux matières premières
- Soft power et innovation : puissants accélérateurs sur la scène internationale
Le monde de 2050 ne ressemblera en rien à celui que l’on connaît aujourd’hui. Les frontières du pouvoir économique se déplacent sous nos yeux, dessinant un futur où les géants d’hier devront composer avec l’ambition et l’ingéniosité des nouveaux venus. Les nations prometteuses avancent, prêtes à écrire un autre chapitre de la mondialisation.